Juin 1980, la Gay Freedom Parade de San-Francisco rassemble environ 30 000 homosexuels et lesbiennes. Juin 2012, la Marche des Fiertés rassemble à Paris 300 000 participants selon les organisateurs, 50 000 selon la Préfecture. La réalité, intermédiaire comme à l’accoutumée, est corollaire de la pandémie grandissante du Sida.
Le mariage gay et l’adoption par les couples homosexuels n’inverseront pas la tendance, bien au contraire, et le « peuple gay », plus atteint que les autres, masquera ses états dépressifs avec des parades en l’honneur du stupre dans un espace public transformé en fornix géant. La mise au point d’un vaccin banalisant une maladie de système en simple atteinte virale guérissable s’éloigne régulièrement, telle la vision d’une oasis par le voyageur déshydraté… Dans cet univers, plus gris que rose, on ne peut que féliciter toutes les organisations, gouvernementales et non gouvernementales, qui oeuvrent sans relâche pour une prévention de la maladie.
Les deux piliers de la prévention du Sida - site
Cette prévention de la contagion par le virus d’immunodéficience humaine (VIH) repose aujourd’hui sur deux piliers : le rapport protégé et la circoncision.
Le rapport protégé est une arme excellente mais il est, dans certains pays, mal accepté voire refusé, ou matériellement impossible pour des raisons pécuniaires.
Les études faites par des cliniciens d’origines variées dans les townships sud-africains montrent une chute à deux chiffres de la prévalence de la contagion pour les échantillons de circoncis. Ces chercheurs attribuent cet avantage au fait que la circoncision compense les lacunes sanitaires empêchant les hommes de se laver après les relations sexuelles.
Le problème est plus complexe pour les homosexuels des pays dits avancés. Un travail de Gregorio A. Millett et al., publié en 2008 dans le Journal of the American Medical Association, dans le cadre d’une mise au point des Centers for Disease Control and Prevention américains [1] montre que « si la circoncision bénéficie aux homosexuels ayant des rapports non protégés, l’avantage, visible pour les érastes, ne l’est plus pour les éromènes » [2]. Ce différentiel entre éraste et éromène pourrait s’expliquer par le choc répété de deux systèmes HLA différents, théorie de Georges Mathé, que nous avons exposée dans une revue canadienne et qui a été publiée par Opimed en 2008 [3]. Mais aussi intéressante que soit cette théorie, elle dépasse le cadre de cet article, tout en expliquant pourquoi un couple homosexuel fidèle peut être contaminé, les rapports n’étant pas protégés.
Toujours est-il que la circoncision et le rapport protégé sont les deux armes les plus efficaces à ce jour dans le cadre d’une action de médecine publique.
Le jugement du tribunal de grande instance de Cologne
Analysons maintenant ce jugement du Tribunal (Landgericht) de Cologne, étonnant à plus d’un point de vue. Dans ses attendus en date du 26 juin 2012, il estime « que le corps d’un enfant était modifié durablement et de manière irréparable par la circoncision » et qu’il s’agit d’une blessure corporelle passible d’une condamnation, d’une opération « contraire aux intérêts de l’enfant », et qu’il convient de laisser l’enfant choisir à sa majorité du cadre religieux dans lequel il désire vivre.
Le juge de Cologne ignore totalement l’intérêt médical de l’intervention alors que, selon des estimations de l’Organisation mondiale de la santé, 30 % des garçons de 15 ans et plus sont circoncis, comme l’est plus de la moitié de la population mâle des États-Unis, leurs deux grandes formations politiques étant du même avis dans l’intérêt bien compris de la santé publique.
Aucun cas de baisse de libido n’a été remarqué avec la circoncision ; où se trouverait cette « blessure corporelle irréparable » ?
L’intervention est sans rapport avec le choix religieux de l’enfant, la circoncision gagnant des adeptes, non seulement chez les évangélistes et autres formations non-catholiques, mais également chez les catholiques. La circoncision était courante dans l’Égypte pharaonique et n’a aucun rapport avec l’excision du clitoris, qui est bien une pratique barbare et irréparable, privant l’épouse du mari polygame du plaisir clitoridien et la confinant à la ponte ininterrompue de futurs janissaires pour le troisième siège de Vienne…
Ce jugement peut avoir des conséquences jurisprudentielles dramatiques pour les médecins, car l’indication de phimosis pourrait être critiquée par les parents et l’enfant à sa majorité, et la décision d’abstention de circoncision serait considérée comme une perte de chance dans le cas d’une infection par le VIH. Le médecin pourrait être poursuivi civilement pendant les dix années suivant la constatation d’un séropositivité au VIH et toute sa vie devant les instances ordinales.
En cas de circoncision, il pourrait être poursuivi dix ans après la moindre remarque désobligeante de sa partenaire associant un déficit de ses performances à cette circoncision, et à nouveau toute sa vie devant les instances ordinales.
Qui s’oppose à la circoncision ? Des extrémistes verts ou naturistes, des intégristes du phallus qui voient dans la circoncision l’origine de leur état dépressif ou de la baisse de leur libido, et à l’opposé, des intégristes du prépuce, qui en font l’emblème d’un occident renouant la guerre des Macchabées entre Grecs et Juifs, les Grecs voulant interdire la circoncision…
Croire aujourd’hui que des préceptes d’hygiène présentés comme des commandements divins à des peuples turbulents et indisciplinés ne sont que des fadaises est faire preuve d’un impérialisme intellectuel qui ferait sourire si le sujet n’était dramatiquement grave.